Les dirigeants de TPE, PME et ETI françaises sont-ils réellement des cancres digitaux ?

Les dirigeants de TPE, PME ou ETI françaises sont-ils perdus pour le monde qui vient ? En tout cas c’est ce que suggèrent les résultats de l’étude #digitaland menée par la BPI France Le Lab auprès de 1800 dirigeants dont une grande majorité peut être qualifiée de e-gnare. Car la conclusion de cette étude est sans équivoque : DIRIGEANTS DE PME ET ETI FACE AU DIGITAL – Histoire d’incompréhension
On peut difficilement faire plus clair. Et effectivement, quand on consulte les résultats de cette excellente étude, il n’y a pas photo : nos PME et ETI sont mal embarqués avec de tels dirigeants ! Nous n’allons pas commenter l’étude ici, ceci est déjà très bien documenté sur le site BPI France – Le Lab et par les nombreux articles qui ont fleuri sur le sujet, mais nous allons essayer de répondre à cette question:

Pourquoi un dirigeant serait-il plus ignorant que les autres ?

Il n’y a aucune raison objective pour cela. On peut même raisonnablement penser, et en tant que prestataires de services l’expérience nous le montre tous les jours, que la plupart d’entre eux sont parfaitement conscients des impacts du numérique dans leur secteur d’activité. Mais malgré tout, l’étude de BPI nous dit que 87 % d’entre eux ne font pas de la transformation numérique une priorité stratégique pour leur entreprise.
87% c’est beaucoup, il doit donc y avoir quelques raisons à cela. Passons rapidement sur les 4 premières raisons qui découlent, à bien y réfléchir, des deux dernières :
Raison n°1 : Cyber criminalité : Le numérique crée de nouvelles menaces.
Raison n°2 : Échec : Beaucoup d’entreprises ont déjà expérimenté des projets numériques qui se sont soldés par un échec.
Raison n°3 : Coût : Un projet numérique ça peut vite coûter très cher.
Raison n°4 : Obsolescence : La fuite en avant permanente vers la dernière technologie à la mode décrédibilise le projet numérique qui est alors ressenti comme un caprice plutôt que comme un véritable projet structurant.

Concentrons-nous sur les 2 raisons les plus importantes qui concernent « l’écosystème digital » des entreprises.

Devenir une « entreprise numérique » nécessite une vraie réflexion stratégique et une exécution transversale.

Raison n°5 : Les collaborateurs ne sont pas prêts
Devenir une entreprise numérique est un véritable projet structurant. Sécurité, e-business, dématérialisation, automatisation, relation client, et autres : c’est l’ensemble des fonctions de l’entreprise qui est concerné par la démarche. C’est donc l’ensemble des services qui va devoir intégrer de nouvelles compétences numériques ou de nouveaux métiers.
Pour mener au mieux ses projets de transformation, l’entreprise doit d’abord être capable de se structurer humainement en recrutant de nouvelles compétences et en formant les collaborateurs en place. Et ça, c’est autrement plus impactant, long et coûteux, que l’intégration d’un réseau social d’entreprise ou la mise à disposition de smartphones à l’ensemble de ses commerciaux.
Devenir une « entreprise numérique » nécessite une vraie réflexion stratégique et une exécution transversale. Et ça, reconnaissons-le volontiers avant de parler d’incompréhension, c’est un véritable Everest pour un chef d’entreprise déjà très occupé par le quotidien.

Quand un prestataire est plus enclin à proposer les produits et technologies qu’il maîtrise, plutôt que de répondre aux réels besoin du client, c’est l’échec assuré.

Raison n°6 : Un écosystème numérique défaillant
Tout d’abord, il est souvent compliqué de s’y retrouver dans la galaxie des tarifs et des prestations numériques proposées : entre le « copain du copain » qui bricole des sites le soir après son travail et l’agence qui vous propose une solution e-commerce tout intégrée il y a un monde qui n’est pas facile à décrypter pour un dirigeant de PME. Cela crée une incertitude peu propice à l’engagement. Quand de plus, un prestataire est plus enclin à proposer les produits et technologies qu’il maîtrise, plutôt que de répondre aux réels besoin du client, c’est l’échec assuré.
Il faut également reconnaître, quitte à froisser quelques susceptibilités, que l’écosystème numérique gravitant autour des entreprises n’a pas toujours joué son rôle et a donc une responsabilité importante dans le retard des PME françaises en matière de digital. Car lorsque vous êtes une agence digitale, ou un cabinet de consultants ou encore un réseau d’accompagnement (institutionnel, consulaire, syndical, bancaire ou autre) et que vous accompagnez les TPE et PME dans leurs projets numériques depuis des années vous avez forcément une responsabilité importante dans le constat de retard et de désintérêt.
D’ailleurs, dans le chantier #CroissanceConnectée entreprise par le CNNum en 2016, un des volets concernait la création et la labellisation d’un réseau d’Accompagnement de la transformation numériques TPE/PME. Labelliser seulement, c’est amplement insuffisant.  Créer un véritable programme de formation et une certification, accessibles aux prestataires et à tous ceux qui souhaitent se prendre part à l’accompagnement de la transformation digitale des TPE et PME semble aujourd’hui  indispensable si l’on veut avancer. Ainsi, et seulement ainsi, il sera possible  d’imaginer que des professions, comme les experts-comptables, qui accompagnent déjà les chefs d’entreprises, puissent devenir de vrais catalyseurs digitaux.
Mais avant cela il va falloir s’accorder sur que l’on met derrière l’expression « Transformation Numérique des TPE et PME ».